S’il existe une véritable sentinelle de la nature, il s’agit sans aucun doute du piégeur. Son obligation réglementaire d’aller au contact de ses pièges journellement lui permet d’être une source de renseignements.
Si dans plusieurs départements, les gardes particuliers sont des yeux vigilants en relation étroite avec la Gendarmerie Nationale pour observer les infractions relatives à l’environnement, les piégeurs restent des naturalistes en première ligne.
J’en veux pour preuve les observations concernant la faune sauvage. L’utilisation des pièges est en quelque sorte une méthode dite de capture/recapture. La connaissance d’espèces patrimoniales est souvent le fait d’une capture accidentelle en particulier pour les espèces de mammifères à mœurs nocturnes.
En ce qui concerne notre département d’Indre et Loire, le réseau de piégeurs a permis de mettre en évidence la présence ponctuelle ou occasionnelle d’espèces « rares » au niveau départemental. Soit que ces dernières sont en dehors des zones de présence inféodées à l’espèce considérée, soit que nous assistons à une colonisation ou à une recolonisation des milieux par ces dernières.
Deux exemples, le premier qui concerne la genette (genetta genetta). Depuis plusieurs années, nous avons le signalement d’individus capturés annuellement, fait qui était exceptionnel dans le passé. Si cette espèce est présente de façon régulière voir abondante dans l’Ouest de la France (bocage Vendéen et Deux-Sévrien), sa présence sous les cieux tourangeaux était plus que rare. Certains nous diront que le réchauffement climatique permet à l’espèce genette de coloniser le territoire vers le Nord. A notre niveau, nous constatons simplement sa présence plus régulière et certainement il existe divers facteurs qui permettent cette expansion.
2 genettes capturées en 37
Notre second exemple concerne la loutre (Lutra lutra), espèce disparue de notre département depuis les années 50. Les raisons principales de sa disparition ont été sans aucun doute la destruction de son habitat et la mauvaise qualité des eaux.
Dans les années 80, un premier spécimen a été récupéré sur le bassin de la Loire (collision routière d’un jeune mâle). Depuis ces dernières années, plusieurs spécimens ont été capturés et relâchés dans le cadre de la lutte du ragondin.
Il s’agit sans aucun doute d’une recolonisation de l’espèce ce qui semble être un bon signal de l’amélioration du réseau hydraulique même s’il reste encore énormément de travail pour la restauration des milieux.
Loutre capturée en janvier 2020 (37)
Là aussi ces informations sont précieuses dans le cadre du suivie des espèces sauvages et contribuent ainsi à enrichir les atlas de répartition des petits mammifères sauvages.
Atlas réalisé par la FRC Centre-Val de Loire avec le concours des 6 Fédérations Départementales de Chasseurs et des Associations des Piégeurs Agréés (18/28/36/37/41/45)
Piégeurs, n’hésitez donc pas en cas de captures accidentelles d’espèces emblématiques à informer vos Présidents d’Associations même si parfois cela contribue à perturber nos activités (zonage castor/loutre ou vison d’Europe).
Michel HUBERT (37)