Nous les connaissons tous, nous les voyons partout, toits, rebords de fenêtres, place d’église… Le pigeon « des villes » devient de plus en plus gênant pour les particuliers et les administrations suite aux nombreux problèmes qu’il engendre. Dans les magazines, sur le net, partout on vous propose des solutions miraculeuses pour faire fuir ces volatiles, mais nous savons tous que la seule façon de contenir les populations est le piégeage.
À la vue de nombreux pigeons sur le toit de l’église et de la mairie de ma commune, j’ai demandé à rencontrer le maire afin de discuter de ces colombidés. Un rendez-vous a été fixé avec la 1ère et le 2nd adjoints qui m’ont décrit les nombreux problèmes d’insalubrité et de dégradations sur les bâtiments communaux et privés dûs aux fientes et aux lieux de nidification des pigeons.
Durant les jours suivants, Monsieur le maire a pris un arrêté municipal interdisant le nourrissage des pigeons sur les lieux publics en indiquant que si le nombre de pigeons continuait à croitre, une régulation par piégeage de ces oiseaux aurait lieu. Au bout de quelques semaines, j’ai eu l’autorisation de piéger vu le nombre progressant des pigeons à plus d’une centaine d’individus.
Comme lieu de capture, il a été décidé d’utiliser le clocher de l’église, point de rendez-vous des pigeons et à l’abri des regards, et comme dit le proverbe, pour vivre heureux, vivons caché. La mairie m’a donné un jeu de clefs de l’église, ce qui me permet d’y aller à ma convenance.
2 des 3 étages du clocher m’ont servi de cage géante. Le système utilisé est un système de «clapettes», le pigeon peut entrer dans le clocher mais ne peut en sortir. Les clapettes sont utilisées par les colombophiles pour faire entrer leurs oiseaux dans les pigeonniers.
3 entrées (fenêtres existantes) sont utilisées et équipées de clapettes. Ces dernières sont enfilées sur une tige filetée M4, qui est placée dans un anneau à visser avec de chaque coté de l’anneau, un écrou. Il ne faut pas trop serrer les clapettes pour laisser un peu de jeu afin que le pigeon puisse pousser assez facilement mais aussi que la clapette puisse revenir en position initiale. L’ensemble est monté sur un tasseau de bois, lui-même fixé sur l’encadrement de la fenêtre. Le bricolage simple, rapide et « low-cost » fait partie des nombreuses qualités du piégeur.
A l’extérieur des entrées, il faut fixer un perchoir afin que les pigeons puissent se poser et pousser les clapettes. Sans ce perchoir, les pigeons ne rentrent pas, j’en ai eu l’expérience. Pour rendre encore plus attractives les entrées, il faut placer un petit mélange, maïs-petits pois, sur les perchoirs et derrières les clapettes. Appâter pour mieux attraper.
Il peut arriver de faire en une journée une dizaine de pigeons. Au début, lorsque le nombre de pigeons était important, je passais chaque jour, matin et soir au clocher. Il faut s’assurer d’avoir toujours de la nourriture derrière la barrière de clapettes. Lorsque des pigeons sont encore aperçus et ne rentrent plus, il faut remettre de la nourriture sur le perchoir. Lors de fortes chaleurs, à coté du grain, mettre une gamelle d’eau qui va décider le pigeon à entrer.
Le plus « amusant et sportif » dans ce piégeage est la partie capture des pigeons dans le clocher. J’utilise une vieille épuisette pour les attraper. Parfois en quelques secondes, tous les oiseaux sont pris et des fois, il faut quelques minutes voir quelques quarts d’heure pour les avoir tous. Un petit conseil, faire attention à l’heure, car il ne faut pas se faire surprendre par le tintement des cloches lorsque vous êtes en dessous. Vos tympans pourraient s’en souvenir.
Partager vos prises avec vos amis qui auraient besoin d’appelants pour mettre dans des cages, pour piéger au tas de fumier… Comme l’a dit Lavoisier, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
Je tiens à rappeler que le port d’un masque ainsi que de gants sont fortement conseillés afin d’éviter tout problème de santé, qui pourraient infecter vos poumons ou vos plaies (Chlamydia psitacci, maladie du poumon des éleveurs d’oiseaux, Cryptococcose, staphylocoques…). Soyez vigilants.
L’espèce de pigeon domestique la plus présente dans nos villes et campagnes est le pigeon biset (Columba Livia) suivi par le pigeon ramier, le pigeon colombin et depuis quelques temps la tourterelle turque.
Les problèmes engendrés par les pigeons sont :
– Acidité des fientes (carrosserie automobile, pierres…)
– Salissures à cause des déjections
– Attraction des rats près des lieux de nidification
– Odeur des fientes
– Particules allergènes (maladie du poumon des éleveurs d’oiseaux)
– Transmission de maladies (Bactéries, champignons, staphylocoques,…)
– …
De plus en plus de communes prennent des arrêtés municipaux afin de réduire les populations de pigeons en interdisant le nourrissage sur les lieux publics, en autorisant le piégeage, en utilisant des fauconniers afin de les effaroucher et en contrôlant les naissances dans les « pigeonniers contraceptifs ».
Beaucoup de personnes considèrent le pigeon comme « un rat volant ».
Reproduction du pigeon biset :
Les pigeons sont en couple pour la vie. En ville, ils construisent leur nid douillet sous des toits, rebords de toits, cavités de bâtiments (pierre manquante dans un mur…) en y ajoutant brindilles, pailles, branchettes…
Un pigeon pond 2 œufs, et peut le faire entre 3 à 6 fois durant l’année. Le couple couve par alternance les œufs. A savoir qu’il faut 20 jours de couvaison. Environ 2 tiers des œufs donneront naissance à un pigeonneau. Au bout de 28 jours, le pigeonneau prend son envol et devient très vite indépendant. Vers 6 mois, le même pigeonneau devient mature sexuellement.
Un petit calcul peut nous démontrer que très vite la population de colombidés peut devenir très vite ingérable.
Prenons la situation où tout se passe pour le mieux :
Pour l’année 2014, un couple fait 12 pigeonneaux, sa première ponte fera 6 pigeonneaux, et la deuxième en fera 4. Ce qui nous donne un total de 22 pigeons, pour un couple et sa descendance sur une année. En réalité, nous pouvons estimer que seulement 16 pigeons resteront en vie.